bibliotheque internationale pour un monde responsable et solidaire ritimo

Le portail rinoceros d’informations sur les initiatives citoyennes pour la construction d’un autre monde a été intégré au nouveau site Ritimo pour une recherche simplifiée et élargie.

Ce site (http://www.rinoceros.org/) constitue une archive des articles publiés avant 2008 qui n'ont pas été transférés.

Le projet rinoceros n’a pas disparu, il continue de vivre pour valoriser les points de vue des acteurs associatifs dans le monde dans le site Ritimo.

LOWY Michael

La démocratie participative peut-elle revitaliser la politique ?

> Article paru dans l’Humanité en février 2007

http://www.europe-solidaire.org/spip (...)

Depuis son origine en Grèce, la démocratie était conçue comme la participation directe de tous les citoyens aux délibérations et décisions. C’est le même principe que défendait le fondateur de la pensée démocratique moderne, Jean-Jacques Rousseau. C’est avec les grandes révolutions modernes, en Angleterre, Etats-Unis et France que la pratique de la démocratie représentative va s’établir.
Elle est, dans une certaine mesure, inévitable dans les grandes sociétés modernes. Les perversions de la représentation ne datent pas d’aujourd’hui, mais elles se sont considérablement aggravées sous le règne du néo-libéralisme : formation d’une caste politique fermée et souvent corrompue, soumission aux intérêts des élites privilégiées, exclusion des femmes et des immigrés, etc. (la liste est longue !).
La démocratie participative, telle qu’elle fonctionne, notamment dans certaines communautés indigènes auto-gérées en Amérique Latine - par exemple, dans les régions zapatistes du Chiapas - est une nouvelle forme de gestion politique qui brise avec les structures bureaucratiques officielles. C’est un exemple passionnant, mais qui se prête difficilement à une gestion à l’échelle nationale.  lire

date de mise en ligne : 2 mars 2007

MOUSEL Michel

Enjeux et défis de la construction d’une autre Europe

> Intervention au Forum social européen, 13 novembre 2003

Le sujet qui nous réunit ce soir, c’est celui qui devrait venir en préalable à tous les débats qui commencent à agiter le monde politique et médiatique et déjà tendent à étouffer les questions de fond sous des clivages traditionnels. Il est vital que ce débat ait lieu si nous ne voulons pas que l’on s’enfonce encore un peu plus dans une crise de société dont rien de bon ne peut sortir - nous ne savons que trop - au cas où nous aurions oublié d’autres leçons de l’histoire - quelles forces sont en embuscade pour s’emparer de la perte de crédibilité de la démocratie - entretenue par ses propres acteurs.
Dans ce débat, la démarche que je voudrais proposer est la suivante : la crise qu’elle traverse ; l’Europe a les moyens de la transformer en un projet nouveau ; celui-ci doit se fonder sur le développement durable, à condition que celui-ci- soit pris dans sa totalité, qu’il soit extraverti en direction des problèmes du monde entier, et qu’il serve de vecteur à un renouvellement profond de la démocratie. L’Europe n’est ni une fin en soi, ni une entité qui s’opposera au néo-impérialisme par des moyens analogues ; la réponse, ce n’est pas l’Europe-puissance, c’est l’Europe-projet, projet pour changer le monde. Et je ferai une proposition pour commencer à concrétiser cette idée.
Crise économique, sociale, politique, institutionnelle, crise de la gestion des grands problèmes écologiques, il s’agit par-dessus tout d’une crise de conscience : à quoi servent aujourd’hui ses moyens économiques, son patrimoine et sa richesse culturelle, ses acquis sociaux, si c’est pour tout fondre dans une uniformisation régressive ? Bien sûr, le facteur principal de cette régression, ce sont les formes actuelles de la mondialisation néo-libérale.
Mais l’Union Européenne ne fait pas que la subir. Elle y participe, l’entretient, la légitime comme seule voie possible : nous sommes en présence d’un cercle vicieux mortel, qui a déjà commencé à faire des dégâts notamment en condamnant l’Europe, au mieux, à l’impuissance sur le plan international, trop souvent à se comporter en supplétif, et à s’embourber dans ses contradictions quand elle tente d’échapper à ce rôle. Et du coup elle perd sa propre identité, en son sein, et vis-à-vis du reste du monde.
Or de ce point de vue, le débat ouvert à la suite des travaux de la Convention est complètement piégé.
Sur ce qui relève de la partie purement institutionnelle, j’espère que d’autres débats que nous avons cette semaine dans le cadre du Forum nous aideront tous à y voir plus clair ; et en même temps il y a tout un accompagnement politico-idéologique dont on peut dénoncer l’inspiration ultra-libérale, non sans quelque fausse naïveté. Car le piège suprême, c’est d’avoir mixé tout cela dans un même plat : les bouchées de constitution avec les gorgées d’idéologie, qu’on voudrait nous faire avaler d’un même mouvement. Nous autres français avons connu ce type de procédé dans les années 60 qui ne furent pas les plus exemplaires de notre démocratie.
Il faut déjouer ce piège. D’abord ne pas se laisser hypnotiser . Il faut contester toute légitimité au discours politique qui a été ainsi introduit en contrebande dans un projet constitutionnel indépendamment de la réponse faite à celui-ci.
Mais, après avoir pris date pour cette contestation, avoir alerté les citoyens sur cette duperie et les dirigeants sur le fait qu’on ne s’y laissera pas prendre, le plus difficile reste à faire : amorcer dès maintenant les conditions d’une autre issue, d’une vraie alternative en termes de contenu politique et de mode d’exercice de la démocratie.

  • C’est possible, parce que les bases d’une autre orientation politique, nouvelle et crédible existent.

Quant on considère les formes actuelles de la crise européenne, on voit qu’en cherchant à reconstruire sur des bases nouvelles les rapports entre l’économique, le social et l’écologique, la référence au développement durable acquiert une pertinence insoupçonnée.
Mais attention, quand je parle de développement durable, je ne vise pas la conception abâtardie, ravalée à des catalogues de mesures environnementales, au mieux à l’exploration de quelques zones de consensus entre le management économique et la limitation des dégâts infligés aux milieux naturels - cette conception qui domine à la fois dans l’Union Européenne et dans la plupart (sinon la totalité ?) des Etats membres.
Je ne vise bien sûr pas non plus l’autre conception occidentale, tout autant centrée sur l’environnement, mais où celui-ci est instrumentalisé par les intérêts économiques dominants : ou bien la prise en compte d’un problème écologique sert ces intérêts et elle a droit de cité, ou elle les heurte et elle est combattue. Pensons à Kyoto. Bien entendu, avec son suivisme et sa frilosité, l’Union Européenne d’aujourd’hui n’impose que rarement une autre vision - voir Johannesburg l’année dernière - encore que d’heureux contre-exemples sont à méditer, notamment quand elle fait alliance avec les pays du Sud.
Cela illustre aussi concrètement l’idée que nous sommes un certain nombre à partager ici avec René Passet qu’il y a « antinomie entre le développement durable et le néolibéralisme », ajoutant que « l’économie néo-libérale ne peut s’approprier le développement durable qu’en le mutilant et le dénaturant ». La réciproque est vraie : il y a dans le développement durable potentiellement une idée mobilisatrice et même subversive, pourvu qu’on la prenne dans sa totalité : non seulement la recomposition des rapports entre l’économique, le social et l’environnemental en sorte que le premier soit au service des deux autres, mais tout ce qui va avec : changement des rapports sociaux, des modes de production et de consommation, des rapports de l’homme avec la nature, des rapports Nord - Sud. C’est cela que j’appelle « l’Europe-projet »
Encore y a-t-il une autre condition substantielle : mettre sur pieds une vraie citoyenneté active. Parce qu’elle seule peut conduire des transitions audacieuses et complexes - ça, c’est une autre leçon historique que je l’espère nous n’oublierons pas de si tôt - et parce qu’elle correspond à une aspiration collective dont nous, ici, sommes les témoins.
  • C’est possible aussi parce que c’est dans la logique du mouvement de la société civile qui se lève.

L’irruption d’une opinion publique européenne et la mobilisation massive de la société civile qui se sont opérées cette année sur des enjeux planétaires de la paix et de la guerre et des relations entre le Nord et le Sud constituent des évènements majeurs de ce point de vue ; mais ils posent du même coup plusieurs questions qui ne sont pas moins cruciales : celle de savoir comment l’Europe peut être acteur d’une transformation des rapports internationaux ; celle de l’absence de transitivité entre l’action citoyenne et la représentation politique au nom de l’Europe ; celle de la formulation des objectifs politiques, tant on a bien vu que lutter contre la guerre, ce n’est pas seulement défiler dans nos rues pour la paix.
Et cela nous ramène au développement durable, à la fois parce qu’il peut être le pivot de la définition de ces objectifs politiques répondant concrètement à la crise, et parce qu’il peut constituer le point de convergence de l’essentiel des mouvements qui mûrissent dans la société civile.
D’où la proposition de lancer une « initiative citoyenne pour un pacte de développement durable », avec l’objectif dès maintenant de relativiser le discours politique issu de la Convention, partiel et partial, sans ambition ni générosité, myope quant à l’avenir du monde.
Initiative, parce que , par souci de crédibilité de notre démarche, nous l’inscrivons dans le cadre de l’une des rares avancées du projet constitutionnel : le droit de pétition transnational pour lequel, avec les forces syndicales et associatives que nous représentons, et à condition bien sûr que toutes s’y retrouvent, le million de signatures n’est pas hors d’atteinte.
Citoyenne, parce qu’il s’agit de prendre date ici pour un processus d’élaboration collective capable de préfigurer la rénovation démocratique que nous attendons de l’Europe.
Pacte, pour utiliser ce mot avec la vigueur qui lui convient, alors qu’il a été galvaudé en médiocre mode d’emploi de tiroir-caisse. ;
De Développement Durable, sans prétendre aborder de façon exhaustive tous les sujets possibles, pour se concentrer sur ceux qui sont les plus à même de fonctionner comme leviers de ce basculement de perspective, sur lesquels l’Union peut agir rapidement, et où la maturité de la société civile européenne est déjà acquise - cf. d’autres débats de ce Forum.
J’en esquisserai cinq axes, sans d’ailleurs aucun ordre hiérarchique entre eux car ils se recoupent tous :
1° Les politiques sectorielles emblématiques du développement durable. Ce sont celles qui sont porteuses à la fois de création d’emplois, de réduction des inégalités, de protection des ressources naturelles et de respect des engagements internationaux, d’équité dans l’accès aux biens publics et de développement des services essentiels non marchands...
Je citerai d’abord l’agriculture, thème pilote de cette démarche puisque la réforme de la PAC fait déjà l’objet de propositions discutées entre organisations professionnelles et mouvements citoyens.
Il s’agit ensuite de la politique de l’énergie pour laquelle, au-delà de la place déjà reconnue (mais pas toujours faite) aux énergies renouvelables, il s’agit de reconnaître la décroissance énergétique comme nécessitant une activité socialement productive et rémunérée à ce titre.
Ainsi que de celle des transports où le laisser-aller du tout routier, amplifié par les effets prévisibles de l’élargissement, doit déclencher un véritable état d’urgence ; et parce que c’est le domaine par excellence où l’on peut supprimer le gaspillage des ressources énergétiques tout en incorporant plus de travail humain avec les droits correspondants.
Enfin le domaine de l’aménagement de l’espace, où les cercles vicieux densification/désertification, et mobilité/atteintes au cadre de vie sont en pleine dérive.
2° L’extension des droits et la sanction de leur non-respect. Il s’agit de faire jouer la synergie entre le social et l’environnemental d’au moins trois façons.
D’abord la reconnaissance prioritaire de normes européennes unifiées au niveau de « la nation la plus favorisée » en matière sociale et environnementale (minima, protection juridique, égalité hommes/femmes) ainsi que de services pour les mettre en œuvre.
Ensuite le renforcement de leur applicabilité en faisant bénéficier réciproquement droits sociaux et droits environnementaux des mêmes mécanismes juridiques, en faisant appliquer aux premiers les règles de la Convention d’Aarhus par négociation de l’extension de celle-ci- ou par interprétation européenne unilatérale, et en incorporant les droits environnementaux dans la Charte des Droits fondamentaux.
Enfin affirmer la compétence du niveau européen pour toutes ces matières pour « liminer tout dumping social, fiscal ou environnemental et instituer un droit de grève de niveau européen.
3° Une diplomatie fondée sur les Droits de l’Homme et une coopération internationale affichant la volonté de réciprocité et de partage dans l’action pour le développement durable entre le Nord et le Sud, s’agissant :
- des objectifs (et non prétention du nord à posséder seul la sagesse en la matière !) ;
- des moyens d’action, y compris par inclusion dans chacune des politiques sectorielles internes d’un volet relatif au transfert des connaissances, des apprentissages, des formations ;
- des ressources financières : mise en place de fonds internationaux pour le développement durable et, j’ajouterai : démonstration d’une volonté de respect des engagements pris dans un cadre onusien (Kyoto, Millenium, Johannesbourg...) et rupture avec le G8 sans lesquelles les postures favorables au multilatéralisme n’apparaissent que comme de nouvelles hypocrisies occidentales.
4° Bien sûr des règles économiques, mais rendues compatibles avec ces objectifs, le pacte pour le développement durable impliquant une révision fondamentale du pacte de stabilité que beaucoup jugent déjà nécessaire, où l’on ne confond pas stabilité et immobilité, où le budget n’exclut pas le long terme ; ni la monnaie, l’investissement pour les générations futures ; ni la fiscalité, la justice sociale ou la prévention des risques écologiques. Permettant la transition de la croissance au développement, par exemple en soumettant les grandes orientations de politique économique à l’ évaluation en termes de développement durable avec la participation des acteurs concernés. Appuyant le développement d’une économie de la solidarité et de l’équité à la fois interne et à l’international.
5° Un minimum de cohérence institutionnelle pour le développement durable et la démocratie... Voici un exemple des blocages qu’on rencontre aujourd’hui. Au printemps dernier, Madame Margot Wallström, commissaire à l’environnement et à qui le développement durable est attribué en quelque sorte comme annexe à sa compétence principale, avait proposé au Président de la Convention d’adjoindre à son œuvre constitutionnelle un « protocole sur le développement durable ». Elle fut poliment invitée à oublier ça, dans un contexte où : a) elle n’eut guère de soutien de la Commission, et b) le soutien d’associations qui privilégient le lobbyisme s’est révélé inopérant.
Sans empiéter sur les autres débats de caractère institutionnel, quatre conditions doivent être réunies en se servant ou non du nouveau dispositif constitutionnel selon le sort qui lui sera réservé.
Une autorité transversale au sein de l’exécutif européen chargée du développement durable ; abolition de l’unanimité pour les matières qui ont trait à chacune des politiques évoquées ci-dessus - y compris les moyens financiers d’accompagnement, bien sûr ; application de la codécision à ces mêmes matières ; et surtout, ouverture d’espaces pour que les citoyens puissent s’exprimer directement et articuler le niveau local du développement durable avec les autres niveaux et tout particulièrement européen. Ce que nous essayons de faire en termes de démocratie participative dans le cadre des Agendas 21 locaux doit-il s’arrêter là ? Et d’ailleurs, si nous avons des sortes d’Etats Généraux du Développement Durable au niveau local, n’auraient-ils pas vocation à traiter aussi des questions des autres niveaux ? Il serait dès lors légitime que ceux-ci, notamment l’européen , mettent en place un processus de remontée de l’initiative du »bas » vers le »haut », et reconnaissent d’autre part explicitement le droit à une expression autonome de la société civile. Si j’en juge par les débats du Forum des Autorités locales, il y aura de plus en plus de soutiens à cette revendication.
Tels pourraient être les grandes lignes de l’Initiative citoyenne pour un pacte de développement durable et à débattre, justement dans les formes qui viennent d’être évoquées. Avec les forces syndicales, associatives et autres que nous représentons, coalisées autour d’un projet où toutes se retrouvent, le million de signatures n’est pas du tout hors d’atteinte !
L’union Européenne est un univers de paradoxes. De même que l’Europe a inventé la démocratie et les droits de l’homme, mais aussi l’impérialisme prédateur , l’Union européenne a accompagné la plupart des dérives de la mondialisation néo-libérale, et en même temps, elle en détient l’antidote - une possible transition vers le développement durable - et le moyen de celle-ci - la mobilisation de la société. Ce sont les citoyens qui peuvent choisir Dr Jekyll ou Mr Hyde.
L’Europe ne veut plus être seulement un marché, mais ne sait pas encore très bien quoi d’autre ? Poussons la à faire place au citoyen et non au seul consommateur de marchandises, à restaurer et défendre les biens publics notamment environnementaux, à retrouver sa capacité de transformation sociale. Et à faire cause commune avec toute partie du monde où règne la pauvreté. Elle manifeste depuis l’origine une défiance maladive à l’égard de tout ce qui est processus démocratique, mais quelle que soit l’étroitesse des ouvertures qu’elle fera, ce sera à nous de nous y engouffrer.  lire

date de mise en ligne : 17 octobre 2005

CAD-Mali

Forums sociaux africains : la déclaration finale du Forum des peuples, 2003, Siby (Mali)

Constats


A la suite des débats, des ateliers, des conférences et des discussions, les participants ont effectué les constats suivants :
Les politiques de développement imposées en Afrique depuis un quart de siècle par les grandes institutions internationales et les pays du Nord n’ont pas réussi à endiguer la pauvreté sur le continent. Ayant eu pour effet principal l’ouverture de nouveaux marchés aux multinationales du Nord, ces politiques n’ont correspondu en rien aux aspirations des populations du Sud. Les nouveaux programmes de développement tels que le NEPAD, l’Accord de Cotonou, l’AGOA et le CSLP sont élaborés sans consultation de ces mêmes populations. Parallèlement, les politiques menées par les gouvernements africains depuis les indépendances ont été calamiteuses : clientélisme politique, corruption généralisée, détournement de biens publics et impunité ont compromis gravement les chances de développement de ces populations.
Le fardeau de la dette constitue l’un des freins majeurs au développement de l’Afrique. Le plus souvent contractées par des régimes dictatoriaux ou pseudo-démocratiques, ces dettes odieuses, immorales et illégitimes ont été multipliées par 4 voire 5 par le jeu des hausses de taux d’intérêts et des dévaluations, alors que les montants empruntés initialement ont été remboursés dans certains cas plus de 3 fois.
Les grandes institutions internationales aux chevets des pays sur-endettés ont soumis les ré-échellonements ou les allègements de ces dettes à la mise en place de programmes d’ajustement structurel (ou autres clones plus récents tels que CSLP ou Initiative PPTE) dont les conséquences ont été désastreuses ; ces programmes relèvent d’une doctrine ultra-libérale dont les pierres angulaires sont : austérité budgétaire, réduction drastique des dépenses sociales (école, santé), libéralisation totale des marchés, déréglementation, privatisation massive et bonne gouvernance. Les conséquences des plans d’ajustement structurels ont été une paupérisation croissante des plus pauvres et un enrichissement rapide des élites locales et des multinationales du Nord.
Le démantèlement des services publics (éducation et santé) ainsi que la marchandisation des biens communs que sont entre autres l’eau et l’énergie ont rendu ces services inaccessibles à la majorité de la population avec pour conséquences l’augmentation du taux d’analphabétisme et une croissance des problèmes de santé.
Les mesures de privatisations massives exigées par les institutions internationales (Banque Mondiale, FMI) et entérinées par les gouvernements locaux ont eu pour conséquences le bradage des entreprises et des sociétés d’Etat au profit le plus souvent des multinationales du Nord et de leurs alliés locaux.
Les subventions agricoles pratiquées par les pays du Nord, les mesures protectionnistes mises en place au mépris des règles du commerce international au profit du développement ainsi que l’organisation de la surproduction des produits agricoles d’exportation compromettent dangereusement les agricultures africaines et paupérisent les paysans.
L’absence de vie démocratique digne de ce nom en Afrique, les caractères frauduleux de la majeure partie des élections, les violations massives des droits de l’homme et des libertés fondamentales ainsi que la corruption des élites gouvernementales, la prolifération des armes de guerres vendues à bas prix par les pays du Nord constituent des sources d’instabilité politique et sociale du continent africain.

Appels


Le Forum des peuples lance aux gouvernements, au G8, aux institutions internationales, à la société civile les appels suivants :
- Le forum des peuples exige l’arrêt des politiques de développement ultra-libérales et propose que les populations soient associées à toutes décisions de développement national, bilatéral ou multilatéral, et ce par un processus de larges consultations démocratiques.
- Le Forum des peuples exige l’annulation totale et inconditionnelle des dettes du tiers-monde, le rapatriement des montants détournés et l’utilisation des ressources financières ainsi libérées dans les secteurs sociaux de base (santé, éducation, agriculture). Le Forum des peuples à Siby demande également la reconnaissance dans le droit international du délit « crime de dettes » ainsi que la poursuite dans les tribunaux ad hoc des individus, multinationales ou gouvernements ayant commis de tels crimes.
- Le Forum des peuples demande aux gouvernements l’arrêt de la privatisation des biens communs que sont l’eau et l’électricité ainsi que le maintien comme service public des domaines de l’éducation et de la santé.
- Le Forum des peuples demande aux organisations internationales que sont le FMI et la Banque Mondiale, l’OMC, de respecter la souveraineté et le droit à l’autodétermination des peuples.
- Le Forum des peuples demande l’instauration d’un commerce équitable des produits agricoles sur deux règles simples : l’interdiction de l’exportation de produits agricoles en dessous du coût de production ( dumping ) et le droit (ou devoir) pour tout pays (ou groupe de pays) de protéger son agriculture, sachant que les pays du Nord ne renonceront jamais aux subventions de leurs agricultures.
- Le Forum des peuples demande l’instauration rapide de systèmes électoraux fiables, la mise en place d’institutions démocratiques sur tout le continent, le respect de droit de l’homme, l’arrêt des pratiques corruptrices et de clientélismes politiques ainsi que la fin de l’impunité.
- Le Forum des peuples demande un réel partenariat entre la société civile et les gouvernements, dans la formulation et la mise en oeuvre des politiques de développement, par le biais d’une démocratie participative.
- Le Forum des peuples lance un appel aux sociétés civiles africaines pour un engagement sans faille aux côtés des populations dans leur lutte pour leurs droits. Le forum des peuples invite les sociétés africaines à intensifier la concertation et la coordination en leur sein.
Concernant le forum des peuples, nous appelons à son maintien, son élargissement et la conservation de son caractère d’information, de concertation, d’échange et de mobilisation, de revendication et de construction des alternatives.
Fait à Siby /Kati (Mali), le 3 juin 2003  lire

date de mise en ligne : 1er juillet 2005

SCHOLTE Jan Aart

Démocratiser l’économie mondiale ? Le rôle de la société civile

> Rapport du Centre pour l’étude de la mondialisation et de la régionalisation de l’Université de Warwick, 7 novembre 2004.

http://www2.warwick.ac.uk/fac/soc/cs (...)

La mondialisation économique et financière est largement antidémocratique, qu’il s’agisse du contrôle des marchés, de la régulation des multinationales ou encore de la manière dont l’OMC (Organisation mondiale du commerce) fixe les règles du jeu. Face à cela, quel rôle peut jouer la société civile ? C’est la question à laquelle tente de répondre ce rapport, publié en 2003 par le Centre pour l’étude de la mondialisation et de la régionalisation de l’Université de Warwick, dont on nous offre ici le résumé.  lire

date de mise en ligne : 28 juin 2005

CARREL Marion

Pauvreté, citoyenneté et participation : Quatre positions dans le débat sur les modalités d’organisation de la « participation des habitants"

> Projet de communication au colloque « Cultures et pratiques participatives : une perspective comparative », organisé par le LAIOS et l’AFSP à Paris, 20-21 janvier 2005

http://www.afsp.msh-paris.fr/activit (...)

Une lecture des termes du débat sur la participation des habitants : la catégorisation de la participation diffère selon que l’on considère que les institutions doivent ou non fonctionner sur un modèle classique de démocratie (démocratie représentative versus démocratie participative), et selon la manière dont on conçoit le traitement des quartiers d’habitat social (traitement différentiel ou discrimination positive versus traitement égalitaire).
Cet article fait état de quatre catégorisations ou quatre « positions » sur la question de la participation des habitants, que l’on retrouve chez les professionnels de la politique de la ville, les chercheurs, les travailleurs sociaux mais aussi les associations d’habitants, en somme celles et ceux qui interviennent dans les quartiers d’habitat social ou qui prennent la parole sur le sujet de la « participation des habitants ». Ce ne sont pas des représentations portées a priori par des individus dont les intérêts sont entièrement fixés par avance, mais des façons d’imaginer le politique qui s’activent selon les contextes d’interaction et qui peuvent évoluer en situation  lire

date de mise en ligne : 26 avril 2005

ORIOL Paul

Diversité et représentation dans les institutions politiques en France

> Communication à la Conférence Citoyenne pour l’égalité des droits, 11 décembre 2004, Fédération des agences internationales pour le développement

http://perso.wanadoo.fr/paul-oriol/0 (...)

Selon Paul Oriol, « la question de la représentation de la diversité française au niveau politique est posée, essentiellement à travers 3 revendications : le droit de vote des étrangers et notamment des non communautaires, la représentation des "Français d’origine étrangère", la parité hommes-femmes. Ces 3 revendications font rarement leur jonction et n’épuisent pas le sujet. »

 lire

date de mise en ligne : 13 avril 2005

DAFF Sidiki Abdoul

La problématique de la sociabilité et de l’inclusion sociale vue du Sénégal

Cet article reprend l’Intervention de Sidiki DAFF lors des 2° Journées Internationales de Participation Citoyenne dans les Communes (Palais des congrès de Cordoue, 21/03). Il relate une expérience partipative, s’appuyant sur l’expérience de Porto Alegre et sur les principes énoncés par la Charte Afrcaine du partenariat. Ce processus departicipation citoyenne et d’inclusion sociale, initié par le CERPAC, a été mené avec une commune de Guédiawaye, banlieue de Dakar. La démarche y est décrite mais aussi les (...) lire

date de mise en ligne : 3 septembre 2004

NGALASSO Mwatha Musanji

Démocratie : le pouvoir des mots

> in Politique africaine, n°64, décembre 1996, 15p.

http://www.politique-africaine.com/n (...)

Résumé : « L’effervescence créée ces dernières années autour de la démocratie a libéré une extraordinaire énergie intellectuelle, modifié profondément les comportements des gens et donné un dynamisme renouvelé à l’activité langagière : les populations ont pu ainsi exprimer ouvertement et sans détours leurs critiques vis-à-vis des politiques du passé et leurs revendications pour le futur. L’analyse du vocabulaire et des discours produits durant cette période, dans toutes les langues disponibles, révèle l’ampleur des ressentiments contre les pouvoirs en place et le foisonnement des idées pour construire des entités plus conformes à l’idée qu’on se fait d’un Etat de droit. »  lire

date de mise en ligne : 5 août 2004

ARATO Andrew, COHEN Jean L.

Un nouveau modèle de société civile

> Introduction de leur ouvrage Civil Society and Political Theory, MIT Press, 1992

http://www.rqiiac.qc.ca/fr/actualite (...)

« Trois débats semblent dominer les polémiques qui ont agité ces quinze ou vingt dernières années. Le premier fait suite à une controverse plus ancienne, propre à la théorie de la démocratie et qui s’organise autour d’une controverse opposant les partisans du modèle de la démocratie élitaire, à ceux de la démocratie participative. Le second débat, géographiquement circonscrit à l’Amérique du Nord, oppose « le libéralisme (des droits) » au « communautarisme ». Le troisième débat, qui oppose les néoconservateurs partisans du marché libre aux défenseurs de l’Etat providence, a nourri une vaste controverse de part et d’autre de l’Atlantique. Le contexte en est évidemment fourni par la crise patente de l’Etat providence, qui a émergé dans la conscience politique au milieu des années 70. [...]
« Ces trois débats sont évidemment liés entre eux. Néanmoins, chacun d’eux s’est cristallisé en un ensemble distinct d’antinomies, toutes également stériles. Personne toutefois ne semble avoir encore pris conscience que le discours, certes hétérogène et relativement dispersé par lequel la société civile marque son renouveau, puisse intervenir dans ces débats eux-mêmes et servir à en résoudre les contradictions. Aussi les auteurs se proposent-ils de résumer ces discussions. »  lire

date de mise en ligne : 15 juillet 2004

© rinoceros - Ritimo en partenariat avec la Fph via le projet dph et la région Ile de France via le projet Picri. Site réalisé avec SPIP, hébergé par Globenet. Mentions légales - Contact

ritimo