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THÉBAULT Yves

Zimbabwe, présidentielles : la violence contre les urnes

23 juin 2008

Pour avoir dirigé la guerre de libération qui a amené à l’indépendance le Zimbabwe en 1980, Robert Mugabe était considéré comme le père de la nation.
Pourtant très rapidement Mugabe a mis en place un régime autoritaire.et devant.la montée de l’opposition, et notamment du MDC (mouvement pour le changement démocratique) à partir de 2000, le pouvoir a réagi par l’instauration d’une dictature.
Mugabe se maintient alors au pouvoir en manipulant les élections, en arrêtant les opposants et en interdisant toute liberté d’expression.
Le Zimbabwe est aujourd’hui isolé même s’il peut encore compter sur quelques amis et notamment sur la Chine.
Le Zimbabwe qui était considéré comme le grenier de l’Afrique australe est aujourd’hui en ruine.une réforme agraire catastrophique visant à expulser les fermiers blancs, décrété à partir de 2000 a détruit tout le système agricole et conduit le pays au bord de la famine. Aujourd’hui le pouvoir utilise l’arme alimentaire pour tenter de garder le pouvoir sur les zones rurales.
L’économie est à l’agonie : l’inflation est la plus forte du monde (100000%), le chômage est massif, les magasins sont vides, les hôpitaux ne fonctionnent plus, etc.

Les élections de 2008 n’ont pas été plus libres que les précédentes : les observateurs étrangers ont été refoulés, les journalistes interdits et les médias zimbabwéens ont diffusé la seule propagande du pouvoir.
Malgré ces manipulations, l’opposition (MDC) a remporté les législatives. Elle l’a emporté même dans des fiefs de Mugabe et de son parti le ZANU en zone rurale et plusieurs barons du régime ont été battus.
L’armée est le plus fidèle allié de Mugabe car les militaires ont tout à perdre de ce scrutin. Ils ont en effet acquis des privilèges économiques importants et, de plus, certains hauts gradés sont les responsables des massacres du début des années 80 au Matabeleland et ont peur d’être poursuivis.

Pour la présidentielle au premier tour, le 29 mars, Morgan Tsvangirai, leader du MDC est arrivé largement en tête (48 % contre 43 % à Mugabe) malgré des élections ni libres ni équitables et des fraudes massives.
Le dictateur ne voulant pas abandonner le pouvoir a alors utilisé tous les moyens pour contrer son inéluctable défaite (meetings publics de l’opposition interdits, arrestations et meurtres des opposants, militarisation des zones rurales etc.).
Devant la campagne de terreur lancée par les milices d’anciens combattants de la guerre de libération et de l’armée, le leader du MDC a renoncé à se présenter pour éviter un bain de sang. Plusieurs responsables du MDC et militants du MDC ont été assassinés.
Malgré la condamnation internationale et la demande du report du deuxième tour, Mugabe a maintenu ce deuxième tour dans un climat de violences exacerbées.
Les miliciens ont forcé les populations à aller voter. Beaucoup se sont rendus aux urnes pour obtenir l’encre rouge sur le doigt, qui indiquait qu’ils avaient voté et qui leur évitait de risquer la mort. Malgré ce climat de terreur, notamment dans les zones rurales, les zimbabwéens ont été peu nombreux à aller voter.
Ou alors ils se sont mobilisés comme dans une élection législative partielle où le candidat du MDC est arrivé largement devant le candidat de la ZANU, pourtant ministre de l’information.
Les résultats du deuxième tour ont été proclamés en moins de 48 h alors que cinq semaines avaient été nécessaires pour le premier tour. Mugabe est proclamé vainqueur de cette farce électorale avec 85,5 % des voix.

Mugabe va peut-être rester au pouvoir même si pour cela il doit mettre le Zimbabwe à feu et à sang
Tout dépendra beaucoup de la volonté de la communauté internationale de faire respecter le droit des zimbabwéens de se débarrasser d’une dictature. C’est le seul espoir pour le Zimbabwe. Mais le despote Zimbabwéen peut encore compter sur quelques pays (Chine, Russie, Afrique du Sud) pour éviter des sanctions renforcées.

Reconstruire le Zimbabwe demandera du temps. Morgan Tsvangirai, ancien mineur et syndicaliste, aura une tache immense quand les rênes du pouvoir lui seront enfin démocratiquement confiées.

Pour plus d’informations :

- sites :

http://www.zimbabwesituation.com : excellent site d’informations, très complet
http://www.zwnews.com : site d’une ONG du Zimbabwe, beaucoup d’informations au quotidien
http://www.kubatana.net : site d’ONG zimbabwéennes
http://www.mg.co.za : site du journal sud-africain The mail qui donne des informations au quotidien sur le Zimbabwe. Très critique de la position attentiste prise par le président sud-africain Thabo Mbeki et qui donne l’opinion de la société civile sud-africaine plus favorable à Tsvangirai.
http://www.rfi.fr : site de RFI
http://news.bbc.co.uk : site de la BBC
http://www.zimbabwe-27june.com : déclaration d’anciens chefs d’état ou hommes politiques pour des élections libres avec signature possible de cette déclaration
http://www.hrw.org : Human Right Watch vient de publier un rapport en juin 2008 sur la situation au Zimbabwe
http://www.crisisgroup.org : publie également un rapport en mai 2008 qui propose aux différents acteurs les moyens d’intervention pour résoudre la crise au Zimbabwe

- article :

ANDREW Nancy, SADOMBA Wilbert. Zimbabwe : la « soif de terres » aux origines du mouvement des anciens combattants. Critique internationale n° 31, avril 2006

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