Le devoir de violence

« Un récit de l’aventure sanglante de la négraille - honte aux hommes de rien ! - tiendrait aisément dans la première moitié de ce siècle ; mais la véritable histoire des Nègres commence beaucoup, beaucoup plus tôt, avec les Saïfs, en l’an 1202 de notre ère, dans l’Empire africain de Nakem, au sud de Fezzan, bien après les conquêtes d’Okba ben Nafi el Fitri »...

Ainsi commence Le devoir de violence. Telle une épopée, Yambo Ouologuem raconte une Afrique méconnue dont il fait débuter l’histoire au XIIIème siècle, une Afrique où esclavage et colonisation se jouent bien avant l’arrivée des Européens, une Afrique violente et sanguinaire, puis une Afrique qui se soumet à une autre colonisation, celle de l’Homme blanc. La langue de Ouologuem jaillit, puissante et sans pudeur, pour dire et faire entendre l’histoire des Hommes.

Prix Renaudot en 1968, premier roman d’un jeune écrivain, Le devoir de violence fut retiré de la vente par son éditeur peu après sa parution. Sali par des accusations de plagiat mal fondées, Yambo Ouologuem disparut de la scène littéraire et se retira chez lui, à Bandiagara, au Mali. La réédition de ce livre par les éditions du Serpent à Plumes est un événement à saluer.

• OUOLOGUEM Yambo, Le devoir de violence, Paris, Le Serpent à Plumes, 2003 [1968], 16€