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Courrier de la planète

Savoirs locaux et régime international de la biodiversité

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>  entretien avec Bernard Roussel, Muséum national d’histoire naturelle, et Sélim Louafi, Institut du développement durable et des relations internationales

Comment et pourquoi les savoirs naturalistes locaux ont-ils fait irruption dans les négociations internationales sur la biodiversité. Quelles en ont été les conséquences ? Quelle périodisation de la question peut-on proposer ? Une approche généalogique permet de fixer les contours de cette question et son articulation avec d’autres enjeux de la gouvernance globale (droits de l’homme, autochtonie, commerce et environnement, agriculture, diversité culturelle, etc.).

Courrier de la planète : Avant la signature de la Convention sur la diversité biologique (CDB) au Sommet de la Terre de Rio en 1992, quelle était en France la nature des débats académiques autour de la question des savoirs naturalistes locaux ?

Bernard Roussel : On peut au moins évoquer une étape importante, souvent oubliée, qui a été la redéfinition de la notion de Ç terroir È par les géographes Paul Pélissier et Gilles Sautter et son introduction dans des contextes extra-européens, en Afrique et à Madagascar par exemple. Cette démarche a notamment abouti à la publication en 1964 de Ç Pour un atlas des terroirs africains : structure-type d’une étude de terroir È. Cet atlas consiste en une série de monographies de terroirs africains qui, non seulement fournissent une somme d’informations sur les paysages, les savoirs et les pratiques des paysans, mais aussi constituent des archives pour l’Afrique, ébauche avant l’heure d’un registre patrimonial.

Cette méthode d’analyse des structures et des dynamiques agraires au sud du Sahara a entraîné un certain renversement de perception. La méthode a inspiré jusqu’à aujourd’hui un courant de projets de développement rural au niveau des unités villageoises, fondés sur une approche par le bas et s’appuyant sur les pratiques et les dynamiques sociales locales.

Sélim Louafi : Ces géographes ne représentaient pas une école de pensée articulée au mouvement international de la conservation, représenté notamment par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Leur travail paraît plutôt en synergie avec les discussions des agronomes sur la question du développement local et de la collecte, la conservation et l’amélioration des ressources génétiques agricoles (RGA).

Ce dernier point a fait l’objet d’une conférence technique organisée par la FAO et l’International Biological Program (IBP) en 1967. Pour les scientifiques qui en ont pris l’initiative, cette conférence devait faire reconnaître l’importance de l’érosion des RGA et la nécessité de constituer un réseau international autour de cette question.

Si le constat de l’érosion génétique n’a fait l’objet d’aucune controverse entre les scientifiques, les moyens d’y répondre ont divergé. Un premier courant, utilitariste, prônait une conservation ex situ des espèces cultivées majeures. Le second courant, issu de l’écologie des populations, jugeait la conservation in situ primordiale, y compris pour les espèces n’ayant qu’un intér t très local, voire aucun intér t économique immédiat. C’est le premier courant qui a pris le dessus.

La conservation ex situ présuppose un réseau international centralisé de grandes banques de gènes alors que la conservation in situ réclame une démarche plus décentralisée géographiquement et politiquement, fondée sur d’autres savoirs que scientifiques et associant davantage les agriculteurs et les communautés rurales.

Il y a évidemment d’énormes enjeux commerciaux pour les firmes semencières privées qui voient l’utilité directe de collections ex situ, répertoriées et utilisables en l’état. L’enjeu est également politique : pour les États-Unis, certains pays en développement et la FAO, la conservation ex situ permet de faire directement le lien avec les problèmes de production agricole et de mettre en place la Révolution verte qui apparaissait à cette époque comme le seul moyen de garantir la sécurité alimentaire. Lire

date de mise en ligne : 14 novembre 2007

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