bibliotheque internationale pour un monde responsable et solidaire ritimo

Le portail rinoceros d’informations sur les initiatives citoyennes pour la construction d’un autre monde a été intégré au nouveau site Ritimo pour une recherche simplifiée et élargie.

Ce site (http://www.rinoceros.org/) constitue une archive des articles publiés avant 2008 qui n'ont pas été transférés.

Le projet rinoceros n’a pas disparu, il continue de vivre pour valoriser les points de vue des acteurs associatifs dans le monde dans le site Ritimo.

cartographie interactive >  environnement et développement durable  > Une expérience internationale de recherche autogérée : les « chercheurs de survie » du réseau « Longo Maï »

OLLIVIER Marc

Une expérience internationale de recherche autogérée : les « chercheurs de survie » du réseau « Longo Maï »

  • imprimer
  • envoyer
  • Augmenter la taille du texte
  • Diminuer la taille du texte
  • Partager :
  • twitter
  • facebook
  • delicious
  • google

Avertissement

Tenter l’analyse d’une expérience sociale comme celle du réseau Longo Maï est une gageure, dans la mesure où l’objet analysé est par sa nature même irréductible à une approche de type sociologique et encore moins économique ou juridique. Norma Meyer, engagée en 1968 comme étudiante à Vienne dans un des groupes initiateurs de cette expérience, me disait juste avant son décès il y a quelques semaines « ce qui a compté le plus dans notre aventure, ce sont les relations humaines à tous les niveaux ». Sa perception d’actrice investie durant toute sa vie d’adulte dans l’histoire de Longo Maï reflète une caractéristique essentielle de cette aventure, à savoir le choix d’une vie fondée sur des pratiques de solidarité humaine expérimentées à tous les niveaux de la société. Cette caractéristique concrètement vécue par les « Longos » empêche donc, à la limite, de construire une représentation formelle de cette expérience, car dans sa dynamique essentielle, fortement chargée de sentiments, d’émotions, de comportements altruistes, de conflits parfois explosifs et de débats souvent plus que vifs, incluant des campagnes de mobilisation de toutes sortes, depuis l’espace local jusqu’à la dimension internationale, elle déborde trop largement tout modèle explicatif formalisé qui ne pourrait en donner qu’une image incomplète, y compris pour ses propres acteurs. Je me suis donc résolu à évoquer Longo Maï sur un mode intuitif, que je crois mieux adapté pour faire accéder le lecteur aux dimensions que je ressens comme essentielles de cette expérience originale.

Les semences et les racines

Une approche historique est d’abord nécessaire pour comprendre le présent des « Longos » . Les coopératives Longo Maï ont une préhistoire, qui remonte aux événements européens de 1968 lorsque de nombreux jeunes en Europe cherchaient des voies nouvelles pour sortir de la « vieille société » capitaliste et de la crise qui s’annonçait (avec ses phénomènes de marginalisation et d’exclusion), tout en échappant aux paradis artificiels de la drogue et aux dérives terroristes du type Baader-Meinhof et Action Directe. Deux groupes formés en Autriche et en Suisse, auto baptisés Spartakus et Hydra, joignent leurs idéaux, leurs pratiques d’ouverture et de dialogue en direction de toutes les formes de révolte et de contestation et leur volonté d’action concrète, au cours d’un congrès fondateur à Bâle en 1972. Des jeunes venus de dix pays européens y décident de créer des « communautés européennes de jeunes », conçues comme « des zones expérimentales d’une Europe solidaire, pacifique et démocratique, par une vie commune et l’autosubsistance issue du travail dans l’agriculture, l’artisanat et l’industrie sur une base coopérative, ... des semences d’une Europe dans laquelle on n’échange pas que des marchandises mais des hommes et des idées, et qui relie les peuples entre eux ». Ce congrès international véritablement inspiré pose une série de principes fondateurs qui vont s’avérer opérationnels jusqu’à aujourd’hui, moyennant quelques adaptations aux réalités sociales et économiques européennes : la forme coopérative, l’autosubsistance par l’agriculture et l’élevage, la gestion commune de l’énergie et des besoins de base (cuisine, santé, communications, éducation), l’organisation d’une production artisanale et industrielle collective adaptée à des niveaux de consommation d’abord locaux, mais aussi régionaux et européens. Les jeunes congressistes décident « de réaliser avec toutes nos forces l’idée des communautés européennes de jeunes. Nous allons décider de deux ou trois terrains où nous pourrons nous rencontrer, chacun une bêche sur l’épaule, une chèvre, une vache ou au moins une poule sous le bras, pour commencer ».

Le terrain fut trouvé par l’intermédiaire de Pierre Pellegrin, un proche de Jean Giono : deux des initiateurs vendent leur maison à Bâle pour acheter les 250 hectares de la colline boisée de Limans, près de Forcalquier, où va s’implanter le premier village pionnier, qui prendra vite le nom de Longo Maï . Je ne peux résister au plaisir de citer Pierre Pellegrin l’intercesseur : « Ils voulaient une ferme, la politique était très importante pour eux, mais ça m’importait peu. Pour moi, la vérité est dans l’agriculture. Ce ne sont pas les discours qui ont construit Longo Maï. Ils voulaient retourner à la terre, construire une base solide pour faire aussi d’autres choses. Ils sont vraiment venus pour travailler, et c’est ce qui les a sauvés ».

C’était en 1973, début de l’histoire proprement dite de Longo Maï. Une histoire où les principes et les idéaux du mouvement ont dû affronter la réalité du terrain provençal où ils se sont installés et celle de leur environnement social, proche et lointain.

  • Télécharger le document ci-dessous : (format word)

longo mai (76.5 ko)

date de mise en ligne : 10 octobre 2007

© rinoceros - Ritimo en partenariat avec la Fph via le projet dph et la région Ile de France via le projet Picri. Site réalisé avec SPIP, hébergé par Globenet. Mentions légales - Contact

ritimo