Solidarité internationale : les "OSI" s’invitent au FSE

Opportunités internationales

Un effet de la mondialisation est de multiplier les opportunités de contacts internationaux, de faciliter l’investissement d’enjeux supranationaux par les organisations. L’un des traits marquants du mouvement altermondialiste qui se développe actuellement pourrait donc être “l’internationalisation” des repères, des discours. De fait, on peut se demander si les grands rendez-vous comme Porto Alegre ou Florence n’ont pas institué “l’agir global”...au moins dans la tête des militants. Mais il faut se méfier des illusions d’universel dont le militant occidental - et peut-être surtout français - est très friand, se flattant de citoyenneté internationale et autre “mondialité”.

Plus précisément, la préparation du FSE est l’occasion de constater la multiplicité des utilisations de “l’international”. En effet, l’approche de “l’international” ressemble à un jeu où l’on manipule sans cesse les catégories du “dehors” et du “dedans”, du “là-bas” et de “l’ici”... Une sorte de gymnastique qui peut mener à une certaine confusion mentale, mais qui peut aussi laisser place à une nouvelle clarté.

A ce jeu, les organisations de solidarité internationale (OSI) qui s’engagent dans le FSE apprennent surtout à travailler avec d’autres acteurs français et européens sur des questions internationales. Et vingt ans après avoir institué le partenariat comme mode de relation avec les acteurs du Sud, elles passent à une étape supérieure en renforçant leurs alliances au Nord. A une époque où chacune des problématiques évoquées dans le programme du FSE fait écho à des réflexions et expériences vécues hors du continent européen, les OSI participent ainsi au développement de réseaux de société civile en Europe, et à leur connexion, leur articulation, avec des réseaux de partenaires hors de l’Europe.

Repenser le rôle des OSI

Le Forum social européen représente donc pour ces OSI (celles membres du Crid, mais aussi des organisations telles que les Amis de la Terre, Greenpeace, Médecins du Monde), une opportunité de ré-évaluer, voire de ré-orienter leur rôle au sein de la société civile européenne.

Pour Gustave Massiah, "notre implication dans le FSE repose sur deux axes qui sont la construction du mouvement social européen et la promotion de la solidarité internationale, et plus particulièrement de la solidarité de l’Union européenne". La démarche du Crid consiste donc à positionner les OSI dans un mouvement social européen en gestation. Les militants de la solidarité internationale ont pu évaluer, ces dernières années, l’importance de l’articulation des luttes pour la justice sociale d’ici et de là-bas. C’est cette expérience sans-équivalent en Europe qui fonde la légitimité des OSI à prendre pleinement leur part aux futurs débats et manifestations concernant la mondialisation. Le Crid est conscient de la richesse des partenariats tissés au long des années par ses organisations membres, et de l’apport que cela pourrait constituer pour ceux qui réfléchissent à un "autre possible". Il a donc décidé d’investir l’espace public européen en construction.

Le Crid a notamment milité pour que la solidarité internationale soit l’un des thèmes forts de ce Forum. Il a ainsi défendu l’ouverture la plus large possible aux questions posées par les acteurs du Sud, notamment afin de préparer l’articulation du FSE avec le Forum social mondial.

Aux côtés du mouvement social européen

Arrêtons-nous un instant sur ce que la démarche de ces OSI révèle d’important.

En somme, ces OSI se sont investies dans la dynamique du FSE dans la logique de leur investissement antérieur au Forum social mondial. Mais en s’investissant en Europe, elles situent leur action dans un univers, celui des mouvements sociaux européens, où l’on n’était pas habitué à les voir, du moins sous une forme aussi visible. En comparant cette logique à celle qui a présidé à la création des ONG (on ne disait pas encore OSI) au lendemain des décolonisations, on peut mesurer les changements intervenus et se demander si ces changements dans les comportements des ONG ne seraient pas les meilleurs révélateurs des changements en cours dans la mondialisation actuelle.