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DURIEZ Georges

Dans le Finistère (29) : éduquer à la paix

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> Peuples en marche, n°188, septembre 2003

A la fin des années 80, lorsque le bloc soviétique et le bloc occidental baissent la garde, "le monde pense que la course aux armements de plus en plus sophistiqués et meurtriers va cesser, que la construction de la paix pourrait progresser", expliquent Roger Abiven et Hervé Cadiou, fondateurs de l’Université européenne de la paix, une association brestoise d’éducation populaire affiliée à la Fédération des Clubs Unesco. Or, dans la région de Brest, très dépendante des activités militaires, certains en ont même des craintes pour leurs emplois. "Supportant difficilement qu’une ville détruite par la guerre ait peur de la paix, nous, militants de divers horizons (syndicats, mouvements de paix, tiers-mondistes...), nous sommes regroupés pour voir comment y faire face et développer une culture de paix".

Peur de la paix

La réflexion sur la “reconversion” de l’outil industriel de l’arsenal militaire de Brest pour des productions civiles est alors mal acceptée par les syndicats du secteur concerné, et le contexte de récession économique de l’époque accentue leur scepticisme. "Au lieu de baisser les bras, nous avons organisé des échanges avec des syndicalistes, universitaires, militants anglais, écossais, allemands du Nord, vivant eux aussi dans des régions dépendantes d’activités militaires".

Université de la paix

Aujourd’hui, à qui s’adresse l’Université européenne de la paix ? D’abord, au grand public, car "notre volonté est de faire que nos compatriotes et nous-mêmes sachions intervenir de manière plus pertinente sur les questions de défense et de sécurité, et devenions plus compétents pour construire la paix. La mémoire, les commémorations, c’est bien et nécessaire, mais il ne faut pas en rester là. Il faut regarder l’actualité et l’avenir, précise Roger Abiven, de Peuples Solidaires. Réfléchir à nos responsabilités locales sera le thème de notre prochain colloque : peut-on se prononcer pour la paix et en même temps accepter chez nous le développement d’une force de frappe nucléaire ou l’extension des ventes d’armements [1] ?"

L’association propose aussi sa démarche éducative aux établissements scolaires. "Nous n’intervenons pas nous-mêmes dans les établissements par des actions ponctuelles coupées de la vie de la classe. L’éducation à la paix ne doit pas être une activité parmi d’autres. Au contraire, nous insistons pour qu’elle donne sens à l’ensemble, en cohérence avec toute la vie de l’école. L’apprentissage de la gestion non-violente des conflits, par exemple, qui est essentielle dans l’éducation à la paix, doit se faire tous les jours, à travers le vécu des élèves".

Depuis trois ans, 5 à 8 classes sont impliqués dans des parcours inscrits dans le projet pédagogique de l’école. "Nous proposons des sujets, apportons des outils, facilitons des partenariats. Un thème comme “Vie de la population civile brestoise pendant la guerre 1939-45”, en partant de l’étude de ce qu’a vécu la génération des grands-parents des élèves, permet de faire prendre conscience des conséquences très lourdes que les conflits armés font aux populations civiles [2]".

"L’éducation à la paix est un élément de la formation de citoyens actifs, à l’esprit critique en éveil, précisent encore Hervé Cadiou et Roger Abiven. La démocratie s’apprend, elle aussi, par la pratique, d’où notre souhait de créer dans les collèges, “patros”, centres sociaux et les lycées, des Clubs Unesco gérés par les jeunes eux-mêmes".

Quel rôle pour l’école ?

Autre démarche éducative, à Quimper cette fois. Face à la militarisation croissante de la société, face également aux images sur les guerres, présentées aux enfants presque comme des jeux vidéos, que faire, s’interroge Charles Delaunay, éducateur spécialisé et ancien objecteur de conscience ? "L’éducation à la paix peut-elle ouvrir l’espoir ? L’école peut-elle être le lieu où l’on incite les enfants à vivre la responsabilité, la prise de parole, le sens critique plutôt que la passivité, la délégation de pouvoir et la soumission ?"

Justement, constatant que "beaucoup d’enseignants sont engagés dans ce travail d’éducation citoyenne pour permettre aux futurs citoyens, non seulement de se réapproprier la finalité et les moyens de leur défense, mais aussi de devenir acteurs efficaces pour la construction d’un monde solidaire", il fonde en 1994 avec des amis rwandais installés dans le Finistère l’association de Solidarité Finistère-Rwanda. Grâce à une sensibilisation locale par le biais de parrainages d’enfants rwandais ou la “Fête de toutes les couleurs”, très implantée à Quimper, à l’occasion des Droits de l’Enfant (le 20 novembre), chaque année l’association soutient dans la petite commune de Rwamagana au Rwanda la scolarisation et l’éducation d’enfants et d’adultes : "C’est à travers l’école que se fait l’apprentissage du vivre ensemble, rappelle Charles Delaunay. C’est à l’école que l’on apprend la tolérance et le respect de l’autre. C’est dans la connaissance de l’autre que la peur et la crainte, la violence seront un jour vaincues".

Génocide rwandais

Autre piste d’éducation à la paix : promouvoir à Rwamagana les expériences populaires de justice reconnue par la population (les Gasasa) en mettant devant ses semblables des mots sur les maux du génocide rwandais de 1994. Troisième piste soutenue : "Sous forme de camps de vacances, il s’agit pour nous d’aider chaque année un groupe d’adolescents rwandais durant une dizaine de jours à réfléchir sur leur vie. Pendant ces séminaires, ils peuvent repérer et définir leurs difficultés (santé, éducation...). Pourquoi la guerre, le conflit : comment cela arrive, comment trouver d’autres solutions... Et enfin, comment vivre ensemble à nouveau après le conflit".

Pour le responsable de Solidarité Finistère-Rwanda, "il faut sans doute pousser dans le sens d’un partage des richesses avec le Sud. Il apparaît de plus en plus que seul un développement solidaire et citoyen peut garantir un droit auquel chaque peuple aspire, celui de vivre dans la Paix".

Contacts : Université européenne de la paix 1, rue de l’Harteloire - 29200 Brest. Tél : 02 98 45 03 17 ou 02 98 49 53 92. Association de Solidarité Finistère-Rwanda 15, rue J.-Rameau - 29000 Quimper. Tél : 02 98 64 98 92.

[1] Lire également colonnes Agenda dans ce numéro (les 10 et 11 octobre).

[2] Le Centre départemental de document pédagogique du Finistère (CDDP, de l’Education Nationale) a aidé l’association brestoise à créer un CD-rom sur ce projet, utilisable désormais dans les collèges

document de référence rédigé le : 1er septembre 2003

date de mise en ligne : 6 septembre 2004

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