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NARAIN Sunita

Les cours du pétrole

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> Notre Terre n°15, mars 2005 (article original daté du 15 novembre 2004)

L’Inde et la Chine et les autres pays en voie d’industrialisation sont en train de devenir de gros consommateurs de carburant fossile. La croissance y est bien plus forte que dans les pays déjà industrialisés. Ceux-ci ont consommé beaucoup de pétrole, et ils continuent à le faire, mais désormais de façon plus efficace. Là-bas l’augmentation des émissions de dioxyde de carbone est attribuable surtout au secteur des transports. Le secteur manufacturier a fait des progrès : ses émissions de dioxyde de carbone sont actuellement inférieures au niveau de 1973.

Dans nos pays en développement, ce secteur reste d’une grande inefficacité en matière d’utilisation de l’énergie. Nous consommons beaucoup plus de pétrole par unité de production que dans les pays riches : au moins deux fois plus en Chine et en Thaïlande, trois fois plus en Inde. Nos transports engloutissent aussi de plus en plus de carburant fossile : la demande explose. Dans la production mondiale de pétrole, un baril sur douze va à la Chine, dont les importations de ce produit ont fait un bond de 40 pour cent cette année. En 1990, l’Inde et la Chine représentaient à elles deux 5 pour cent de la consommation mondiale ; aujourd’hui c’est 12 pour cent.

Les pays riches vont sans doute assez bien s’en tirer, mais nous, nous allons certainement connaître une récession (ou un sérieux ralentissement). Le FMI estime que l’envolée des cours du pétrole ne va pas entraver la vigoureuse croissance économique de certains pays asiatiques. Même après ajustement des prévisions, la Chine se maintiendrait à 9 pour cent, l’Inde à 6,4 pour cent, le reste de l’Asie à 5,5 pour cent. D’autres économistes pensent que l’Inde et la Chine perdront entre 2 et 3 points de croissance de leur PIB.

Il semble ridicule de prétendre que nous ne serons pas affectés par cette conjoncture. Reste à savoir où cela va faire le plus mal. La plupart des pays en développement cherchent des moyens d’adoucir le contrecoup. Les autorités thaïlandaises ont fixé le prix de vente au détail du gasoil en dessous du prix du marché, à leurs frais. L’Inde tire dangereusement sur son budget pour subventionner le pétrole lampant (kerosene) et le gaz butane et réduit ses taxes sur d’autres carburants. Elle ne voit pas d’autres solutions car une augmentation des prix du carburant alimenterait l’inflation et ralentirait la croissance.

Le gros problème c’est qu’à cette allure les pays du Sud seront vite fauchés et ils ne pourront plus agir sur des secteurs prioritaires. Il leur faudrait pourtant conserver des possibilités d’investissement afin d’amortir les à-coups de la croissance économique, sur les fronts de l’emploi, de l’alimentation, de l’adduction d’eau notamment. Il leur faudrait aussi passer à des technologies améliorées pour diminuer les coûts, réduire les émissions de gaz à effet de serre sur place et mondialement. Les pays riches ont fait cette mise à jour lorsque les cours du pétrole étaient plus stables. Comment vont procéder les pays du Sud, pauvres et pollués, maintenant que le pétrole est de plus en plus cher ? Cela va se payer en termes de croissance économique. Cela aura des répercussions fâcheuses dans la lutte contre le changement climatique. Quoi qu’il arrive, les plus démunis seront encore perdants, ceux-là qui pourtant auront le moins contribué à créer ce grand déséquilibre écologique.

document de référence rédigé le : 1er mars 2005

date de mise en ligne : 3 janvier 2006

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